"AgMIP helps us to close a gap between the scientists and us, the producers."
Below a transcript of an interview held with Mr. Ibrahima Paul Thiao. The video will be added soon. First, the French transcript is shown, and below the translated transcript in English.
Merci. Moi, c’est Ibrahima Paul Thiao. Je suis un paysan de la zone Centre (région de Diourbel). Et en même temps, je suis leader paysan et membre de la FONGS et du CNCR. Je travaille sur des questions un peu techniques. J’ai commencé à travailler sur l’introduction du Solaire au Sénégal (sur les phases test). Et voilà que j’atterris sur les questions Climat, adaptation aux changements climatiques. C’est quelque chose qui m’a intéressé. J’ai fait une sorte de valorisation des stratégies d’adaptation pour le compte du CRDI. J’avais fait ce travail de valorisation dans la sous-région, donc Sénégal, Mali, Niger, Burkina. Ça a été un argumentaire pour renforcer la prise en compte des aspects liés à l’adaptation et aux changements climatiques. Et là, je voulais valoriser un peu les stratégies locales d’adaptation aux changements climatiques. Et, à côté de cela, j’ai été animateur paysan qui se spécialise de plus en plus. J’ai aussi été leader d’organisations paysannes comme l’URAP (basée à Bambey) que j’ai conduit jusqu’en 2000.
Comme ça j’ai été beaucoup plus vu sur ce contexte de séances avec des spécialistes, des scientifiques. J’étais souvent dans leurs rencontres. Et des amis me taquinaient même pour me dire que « ce gars-là, qu’est-ce qu’il vient faire chez les scientifiques, alors qu’il n’est pas scientifique ». Je répondais « Non. Moi je viens parce que je vois qu’il y a un fossé entre ceux-là qui sont les scientifiques et nous, les producteurs. Parce que la communication ne passe pas très bien, moi je viens comme artisan de ce pont. Et qui va travailler sur le rapprochement des deux groupes : les paysans ont tellement de problèmes, mais ne savent pas en parler. Et les chercheurs en savent tellement. Mais ils ont un problème de parler aux paysans également ».
Alors, j’ai approché cela. Et j’ai essayé de maîtriser un langage qui est compris par les deux groupes. Un peu digeste pour les scientifiques et les techniciens. Et beaucoup plus constructif pour les producteurs. C’est dans ce champ que j’ai travaillé. Peut-être que les quelques gens qui m’ont connu, ont aimé ma contribution. Et c’est parti comme ça.
Donc voilà un peu ce qui m’a ramené dans la famille de ceux qui s’occupent des questions climat. Et, ils m’ont collé une étiquette qui souvent, quand on discute de cela, il me demande d’y participer.
Ce qui m’a surtout amené à participer avec eux dans ce projet (AgMIP), c’est l’expérience des échanges que l’on a eue avec IPAR. J’ai beaucoup appris, dans ce programme AgMIP.
Au départ, chacun avait sa façon de percevoir les choses. Et chacun amenait son produit. Et avec ces éléments de référence, (pour) discuter des questions d’adaptation et des situations. Moi, j’ai été – pour le mouvement paysan – celui qui essaie de faire valoir l’expérience paysanne, à travers les expériences vécues, et du vécu des autres.
Et donc essayer de travailler sur l’ancrage des produits scientifiques à travers ces vécus-là. Tout en valorisant ce qui a été produit à travers ce vécu.
Le cheminement qui a été utilisé par AgMIP, était beaucoup plus inclusif, dans le sens où, on a besoin de beaucoup de science pour réfléchir, faire l’état des lieux d’une situation, d’abord et des secteurs d’activité. Mais aussi pour avoir le sentiment de tout le monde, par rapport à la situation de départ. Et partant (de cela), essayer de trouver des solutions beaucoup plus adaptées à ce constat. Et là, les outils utilisés, ont été d’un très grand apport. Et comme je travaille beaucoup dans la sensibilisation, dans la formation initiale des communautés, pour mieux comprendre le phénomène du changement climatique, et valoriser les stratégies locales d’adaptation, j’ai souvent fait référence à AgMIP pour consolider la perception des acteurs sur une situation donnée. Et partant (de là), maintenant, travailler sur un processus constructif, pour essayer d’aller dans la recherche de solutions.
AgMIP m’a renforcé en connaissances et en outils, pour une meilleure prise en charge des questions changements climatiques. Et la dimension inclusive des outils AgMIP permet de prendre les choses autrement parce qu’il n’est pas très évident qu’un secteur se mette seul pour la recherche de solutions face à un problème, à une situation donnée. Et nous avons vu que les acteurs, souvent qui convergent vers la recherche de solution peuvent ne pas être ceux qui la vivent tout de suite. Et nous avons vu que les questions d’adaptation ont besoin de prendre en compte le vécu (des gens). Mais aussi de prendre en compte l’environnement de l’action pour que les décideurs de proximité soient mieux impliqués et qu’ils sentent leur responsabilité dans la recherche de solutions.
Comme expériences concrètes du projet AgMIP, (je peux parler de) tout ce que j’ai fait avec ENDA dans l’accompagnement et la mise en place du programme LAIT dans la zone de Fatick. Quand on faisait la situation de référence, (AgMIP) a permis une meilleure prise en compte des acteurs. Mais aussi une prévention des risques liés au climat. Ma contribution a été très remarquée et je l’ai tiré des outils AgMIP qui m’ont permis d’accompagner ces acteurs à mieux comprendre le phénomène. Mais aussi à prévenir les actions que l’on devait développer.
J’ai travaillé aussi dans le cadre de la FONNGS, avec certaines organisations membres de la FONGS.
My name is Ibrahima Paul Thiao. I am a farmer from the Central zone of the country (Diourbel region). Meanwhile, I am a farmer leader and member of FONGS and CNCR. I work on somewhat technical issues. I started to work on solar energy introduction in Senegal (on the test phases). Now, I am working on climate issues, adaptation to climate change. This is something that interested me ever since. I did a a study on the valuation of adaptation strategies on behalf of IDRC. I had done this work in the sub-region, i.e. Senegal, Mali, Niger and Burkina. It was an argument to strengthen the consideration of aspects related to adaptation and climate change. And there, I wanted to promote the local adaptation strategies to climate change. In addition, I have been a farmer facilitator who is becoming more and more specialized in climate change isssues. I have also been a leader of farmers' organizations such as the URAP (based in Bambey) which I led until 2000.
In this context, I interacted a lot with specialists, scientists, often during meetings. And some friends even teased me saying that "this guy, what is he doing among scientists, when he is not a scientist". I answered "No. I discuss with them because I see that there is a gap between those who are scientists and us, the producers. Because the communication does not pass very well, I come as a craftsman of this bridge. But who is going to work on bringing the two groups together? The farmers have so many problems, but they don't know how to talk about them. The researchers know how to approach many problems. But they have a problem talking to the farmers too.
So I tried to be that link. And I tried to master a language that is understood by both groups. A little bit digestible for the scientists and technicians. And much more constructive for the producers. That's the field I've been working in. Maybe the few people who knew me liked my contribution. And that's how it started.
So that's kind of what brought me back into the family of those who deal with climate issues. And, they put a label on me that often, when we discuss this, they ask me to participate.
What brought me to participate with them in this project (AgMIP) was the experience of the exchanges that we had with IPAR. I learned a lot in this AgMIP program.
At the beginning, everyone had their own way of perceiving things. And everyone brought their own products and way of thinking. I was - for the peasant movement - the one who tried to put forward the peasant experience, through the lived experiences, and the lived experiences of others.
And therefore to try to work on the anchoring of scientific products through these experiences. While valuing what has been produced through this experience.
The pathway used by AgMIP was much more inclusive, in the sense that we need a lot of science to reflect, to take stock of a situation, first of all, and of the sectors of activity. But also to have the feeling of everybody, in relation to the starting situation. And from that, to try to find solutions that are much more adapted to the situation. And there, the tools used, were of a great contribution. As I work a lot in awareness-raising, in the initial training of communities, to better understand the climate change phenomenon, and to enhance local adaptation strategies, I have often referred to AgMIP to consolidate the perception of actors on a given situation. And from there, now, to work on a constructive process, to try to look for concrete solutions.
AgMIP has strengthened my knowledge and tools for better handling climate change issues. The inclusive dimension of the AgMIP tools allows us to take things in a different direction because it is not obvious that a sector would go it alone in the search for solutions to a problem, to a given situation. We have seen that the questions of adaptation need to consider the experience (of the people).
As concrete experiences of the AgMIP project, (I can talk about) everything I did with ENDA NGO in supporting and implementing the milk program in the Fatick area. When we did the baseline situation, (AgMIP) data were useful for a better consideration of the actors. My contribution was very noticed and I drew it from the AgMIP tools/data that allowed me to support these actors to better understand the phenomenon. But also to prevent the actions that we had to develop.